Bergson
Distinction « phronêsis » et « sophia ».
Volonté de saisir la réalité telle qu’elle est.
C’est aussi la morale, la sagesse pratique : accepter de voir le réel tel qu’il est, même s’il nous dérange. Exigence de savoir et exigence morale. Le savoir nous renvoie à l’objectivité. Tolérance : valeur morale.
Introduction
(Opinion) La vérité, dans son soucis d’objectivité, ne tient pas compte des susceptibilités (amour propre). Elle impose à chacun de la reconnaître même si, du coup, il doit reconnaître son erreur ou son échec. La vérité exige donc l’humilité. La tolérance implique, elle, le soucis de ne pas blesser, voire de ne pas déranger, car sa finalité est l’évitement du conflit. Or, pour s’accorder, il est nécessaire de reconnaître la valeur de l’autre même s’il contrarie mes convictions les plus chères.
(Contradiction) Mais la vérité, par définition, dérange car elle met à nu nos failles et nos insuffisances, elle dit ce qui est sans tenir compte de ce qui nous arrange. La vérité dit le réel dans sa nudité objective. Au contraire, la tolérance s’accommode des différentes manières que chacun a de voir le réel, sans décider que l’un a tort et l’autre raison.
(Problématique) Le jugement objectif n’est-il pas intolérant par nature ? Car dire le vrai signifie rejeter toutes les visions qui s’en distinguent. L’universalité du discourt n’a-t-elle pas tendance à refuser toute valeur à la subjectivité ? Cependant, parce que la réalité n’est pas univoque (un seul sens), la recherche de vérité n’est-elle pas naturellement une initiation à la tolérance ?
La vérité, parce qu’elle bouscule l’ordre établit, n’est pas compatible avec le soucis d’être tolérant. La tolérance est l’acceptation de la différence, ce qui me contraint à la retenue et à relativiser les positions. La vérité ne peut pas se satisfaire de la tolérance.
La tolérance ne se réduit pas au relativisme, mais implique une exigence d’objectivité. La vraie tolérance