Berthelot-epistemologie
Jean-Michel Berthelot, professeur de philosophie des sciences sociales et de philosophie, université Paris IV DESCO Actes du séminaire national - L'enseignement des sciences économiques et sociales 19 et 20 mars 2004 La question que je vais aborder aujourd'hui est à la fois modeste et redoutable. Il s'agit de s'interroger sur l'aide que l'épistémologie d'une discipline peut apporter à son enseignement. En préalable à mes propos, une précision relative à la définition de l'épistémologie : l'approche française qui entend généralement par épistémologie, la théorie d'une science ; l'approche anglo-saxonne qui a élargi son sens en la définissant comme la théorie de la connaissance scientifique ou non scientifique. Cette dernière conception intègre la question de l'accès à la connaissance et s'est renforcée avec le développement des sciences cognitives. Une question centrale permet d'établir le lien entre ces deux conceptions de l'épistémologie, celle de savoir à quelles conditions une croyance ou une connaissance peut être tenue pour vraie. Le thème de la justification est au cœur de notre interrogation et rend nécessaire une seconde distinction, celle de l'épistémologie analytique et de l'épistémologie descriptive. L'épistémologie analytique interroge les conditions qui permettent d'affirmer qu'une croyance est justifiée. Très présente en philosophie de la connaissance, elle pose des problèmes que je ne souhaite pas aborder aujourd'hui. L'épistémologie descriptive s'attache quant à elle à relever les formes de justification d'une croyance. Cette distinction en rejoint une autre : celle de l'épistémologie générale et régionale. L'épistémologie générale intègre le questionnement sur la justification, le raisonnement, la déduction, l'induction, l'explication, la preuve, les critères de démarcation entre science et non-science. Les sciences sont considérées comme des horizons d'application. De