Bière artisanale
Fureur des Vivres n° 4, avril 2008, l'amer
« Patron, un demi ! ». Sommaire mais universelle, cette interpellation traduit bien ce que l’on attend souvent de la bière au comptoir : une boisson standard, appréciée pour ses vertus rafraîchissante mais … sans autre préoccupation de goût, d’expression ou d’origine. Heureusement, le grand marché de la bière en France connaît en son sein un phénomène bouillant, tout en saveur, originalité et diversité : la brasserie artisanale.
La bière artisanale
L’essor pendant la baisse
A l’heure où l’industrie brassicole déplore une baisse de la consommation (-25 % en 25 ans) et licencie, la brasserie artisanale affiche depuis quelques années une insolente progression qui vient égayer la morosité ambiante. L’aventure commence au milieu des années 80 avec la création de deux brasseries : en Bretagne, la brasserie Coreff emboîte les pas d’une petite brasserie charentaise, la « Bobtail ». On ne le sait pas encore, mais il s’agit-là de l’acte fondateur du renouveau de la brasserie française. Le mouvement, lent à ses débuts, s’est emballé au point d’enregistrer plus d’une création par mois dans les années 2000, passant des 20 brasseries recensées il y a 15 ans à plus de 200 brasseries réparties sur l’ensemble du pays ! Même s’il est aujourd’hui moins spectaculaire et tend à se tasser, l’essor ne montre pas de signe d’essoufflement continuant d’enregistrer de 5 à 10% de progression annuelle. [pic]
Bague « décapsuleur »
Pourquoi ça mousse ?
Bien que millénaire et solidement enraciné dans les régions traditionnelles du Lyonnais, du Nord ou de l’Alsace (on dénombrait pas moins de 3.000 établissements à la fin du 19è siècle), cette culture brassicole allait décliner sous les effets combinés des guerres, des faillites et de rachats par de grands groupes à rayonnement mondial. Résultat immédiat de cette concentration en grandes unités industrielles, la