BILAN ET MEMOIRES
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France, meurtrie et ruinée est à la fois un pays vaincu et un pays vainqueur.
Vaincue, elle a été dirigée pendant quatre ans par un gouvernement né de la défaite qui a, volontairement, collaboré avec l'occupant et mis en oeuvre une politique antidémocratique de répression et d'exclusion, en particulier un antisémitisme d'Etat.
Victorieuse, la France a pris part, grâce aux Forces Françaises Libres et à la Résistance intérieure, à sa propre libération puis à la chute finale du III Reich.
Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale se manifestent également par la constitution dans l’immédiat après guerre puis au fil du temps, de mémoires de la période. Ces mémoires sont multiples, chacune ne montrant qu’une vision partielle.
Quelle est l’originalité de la période de la Libération,1944-1946, dans l’histoire de la France ?
1. LE BILAN MATERIEL ET HUMAIN : UN PAYS EXSANGUE
1.1 Un lourd bilan démographique
Le Quintrec p 263
La guerre et les déportations ont fait près de 600.000 morts Français. D’un point de vue purement statistique, ce bilan est deux fois moins lourd que celui de la Grande Guerre (1,4 millions), comme en témoignent les monuments aux morts – mais les civils ont été plus touchés (45%).
Par ailleurs, la guerre a provoqué un déficit démographique lié, au déficit des naissances (estimé à 530.000, mais le taux de fécondité remonte dès 1942), à la surmortalité indirecte* (850.000 personnes) et aux migrations
* surmortalité indirecte : mortalité liée à la sous-alimentation et au retour des maladies de carences.
De mai à août 1945, environ 40.000 déportés, raciaux ou politiques, survivants, près d’un million de prisonniers et 70.000 travailleurs du STO rentrent au pays, alors que 2,5 millions de réfugiés sont sans foyers (notamment des Alsaciens et des Lorrains expulsés par les Allemands en 1940).
Les rescapés des camps de la mort, marqués dans leur