BILAN ET MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE
INTRODUCTION
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France, meurtrie et ruinée est à la fois un pays vaincu et un pays vainqueur.Vaincue, elle a été dirigée pendant quatre ans par un gouvernement né de la défaite qui a, volontairement, collaboré avec l'occupant et mis en oeuvre une politique antidémocratique de répression et d'exclusion, en particulier un antisémitisme d'Etat.Vainqueur, la France a pris part, grâce aux Forces Françaises Libres et à la Résistance intérieure, à sa propre libération puis à la chute finale du III Reich.
En plus de ce bilan, les conséquences de la Seconde Guerre mondiale se manifestent par la constitution dans l’immédiat après guerre puis au fil du temps, de mémoires de la période. La mémoire du Génocide et celle de la Résistance, par la gravité et l’importance des faits sur lesquels elle porte comme par leur impact dans le débat philosophique et politique, font partie des thèmes à privilégier.
Quels problèmes la France rencontre t-elle au sortir de la guerre ?
Comment le général de Gaulle restaure t-il l'unité nationale ?
Quels sont les enjeux de la mémoire de la Résistance ?
Comment la France assume t-elle un passe collaborateur et antisémite ?

I LE BILAN MATERIEL ET HUMAIN : UN PAYS EXSANGUE
Pourquoi le traumatisme de la guerre est-il durable ?
A ) Un lourd bilan démographique
La guerre et les déportations ont fait près de 600.000 morts Français. D’un point de vue purement statistique, ce bilan est deux fois moins lourd que celui de la Grande Guerre (1,4 millions), comme en témoignent les monuments aux morts – mais les civils ont été plus touchés (45%).
Par ailleurs, la guerre a provoqué un déficit démographique lié, au déficit des naissances (estimé à 530.000, mais le taux de fécondité remonte dès 1942), à la surmortalité indirecte* (850.000 personnes) et aux migrations
* surmortalité indirecte : mortalité liée à la sous-alimentation et au retour des