Bilan et mémoires de la seconde guerre mondiale
Introduction :
I. La construction d’une mémoire officielle de la guerre : une mémoire résistance et désunie (1945- 1969)
A. De la libération à la fin des années 1960 : le mythe d’une France unanimement résistante
Rappel du contexte historique
La France de l’immédiat après guerre est un pays profondément meurtri.
Premièrement, et contrairement à la Première Guerre mondiale, la France a été occupée de 1940 à 1944 et pendant ces quatre ans l’occupant, l’Allemagne a pillé les ressources du pays. Deuxièmement, les combats ont frappé une grande partie du territoire national (militaires et résistants : 123 000 soldats tués en 1939-40, 45 000 prisonniers morts en Allemagne, 31 000 alsaciens-lorrains tués par l’armée allemande, 20 000 résistants tués, 43 000 soldats de la libération en 1944-45, 25000 fusillés par les Allemands, 20000 résistants morts en déportation au total : 307 000 Français tués engagés dans la guerre, 257 000 civils : parmi eux, 76000 déportés juifs et tziganes, 40000 réquisitionnés au STO en Allemagne, 67000 victimes des bombardements, 10000 exécutions à la Libération (exécutions sauvages) : 600000 Français morts). Et enfin, au niveau économique, le pays est ruiné. La reconstruction s’avère difficile. Mais il y a une autre difficulté à affronter : avec l’occupation, les Français se sont profondément divisés. L’année 1944 se termine de façon dramatique, à tel point que, par endroit, on a frôlé la guerre civile entre résistants et partisans de l’Allemagne. L’urgence est donc pour les autorités de réconcilier les Français et recréer l’unité nationale, et cette tâche va s’avérer être un défi redoutable tant les plaies de la guerre sont à vif, comme le montre de manière cruelle certaines images de l’épuration.
1. La période de la libération entre épuration et naissance du mythe d’une France uniquement résistante
A la Libération, de Gaulle crée à Alger en 1944 le gouvernement