Bio life
Osamu Kanamori Faculté de l’Education, Université de Tokyo kanamori1@jcom.home.ne.jp
1 Bios et Zoe
Dans l’introduction de son livre Dionysos1(1976), mythologue Karl Kerényi (1897-1973) a présenté un couple de concepts intéressant, celui de Bios (βιος) et de Zoe (ζωη). Les anciens Grecs avaient divisé la notion de vie en ces deux concepts. Pour les Grecs, Bios est la vie qui a une configuration concrète d’une vie personelle. C’est une vie avec un visage et une nationalité etc., une vie identifiable dans une communauté quelconque. Par exemple, une vie de Bios peut se rendre concrète dans l’illustration d’un Français âgé de 45 ans, et qui s’interesse à la religion orientale. Une vie comme Bios a une identité existentielle, distinguable d’un autre Bios. Par contre, Zoe est une forme de vie qui n’a aucun contenu concret, une vie floue et vague dans laquelle comme si toutes sortes de vie étaient mélangées, et qui n’a pas de configuration particulière. Zoe est une forme rudimentaire de la vie, et révèle seulement un contenu mimimum de phénomène vital. Zoe est qualifié simplement de quelque chose de vivant. Dans un sens, une cigale ou une méduse, toutes les deux n’ayant peut-être pas de conscience de soi ni d’intelligence développée, expriment à leur façon des formes de Zoe. Ou bien, Zoe peut être une vie de notre ancêtre lointain, dont nous ignorons le visage, la profession et la personnalité etc., sauf dans les cas rares comme dans une famille célèbre avec sa généalogie documentée. Ou encore, Zoe peut être l’opposé du cas dernier, c’est-à-dire notre descendant lointain qui n’existe que par définition dans un futur potentiel, si bien qu’on ne connaît évidemment pas de son portrait concret. Une vie articulée en Bios possède une configuration traçable d’une histoire. En effet, biographie est Bios-Graphein. Or, Zoe n’est pas capable de devenir un sujet de biographie. Zoographie, s’il y en a, ne peut assumer aucun contenu concret