Nous avons choisi Mohammed Choukri parce que nous avons été vraiment choquées quand nous avons lu son autobiographie. En plus, son influence fondamentale dans la littérature marocaine contemporaine nous a attiré, et aussi le fait qu’il représente un modèle de rupture avec tout ce qui était établi par la société.
Mohammed Choukri est un écrivain marocain né en 1935 à Beni Cheiker, un petit village de la région du Rif, près de Nador. À l’âge de sept ans, la terrible famine, provoquée par la sécheresse et la Seconde Guerre mondiale, force sa famille très pauvre à émigrer à Tanger. Néanmoins, la situation à Tanger n’est pas véritablement meilleure et la pénurie sera encore le protagoniste de sa vie.
Le contexte familial de Choukri marquera son enfance et aussi le reste de sa vie. Son père était un déserteur de l’armée espagnole, autoritaire, violent et incapable de trouver un travail qui puisse contribuer à soutenir sa famille. À cause de cela, sa mère, qui n’osait jamais l’affronter, devait vendre des légumes et des fruits dans les rues. Quant à Choukri, les expériences les plus traumatiques qu’il a vécues pendant son enfance ont été provoquées par l’imparable violence de son père, qui frappait habituellement la mère, les enfants.
Choukri avait autant de haine pour son père qu’il écrit ces mots dans son autobiographie : « S’il y avait quelqu’un dont je souhaitais la mort, c’était bien mon père » . Un excès de violence de son père cause la mort de son petit frère Abdelkader quand Choukri a sept ans. L'auteur décrit comme cela la tragédie : Abdelkader « pleure de douleur et famine » et son père, désespéré par le bruit de ses pleurs, « lui tord le cou comme on essore un linge» .
Vu la mauvaise situation à Tanger, la famille déménage à Tétouan en laissant le corps d’Abdelkader sans sépulture. Mohammed commence à travailler dans un café populaire et tout son salaire est pris par son père, qui reste au chômage avec des invalides et des anciens combattants de la guerre