Biographie de Voltaire
François-Marie Arouet, célèbre sous le nom de Voltaire, naquit Paris, en 1694. Il était fils d’un notaire et vint au monde si chétif, qu’on fût obligé de différer son baptême pendant neuf mois. Il eut pour parrain l’abbé de Chateauneuf, homme impie sous l’habit de prêtre ; ce fut lui qui donna à ce jeune enfant, à peine âgé de trois ans, les premières notions d’incrédulité, en lui faisant balbutier un poème impie ; ces impressions furent ineffaçables. L’élève Arouet Le jeune Arouet fut placé à l’âge de dix ans au collège des jésuites, où il se fît remarquer par son amour pour l’élude. Les Révérends Pères se laissaient charmer par son esprit précoce. L’un d’eux, émerveillé, lui prédit, en l’embrassant, qu’il serait un grand homme ; un autre, effrayé de la hardiesse de ses idées et de ses railleries, s’écria, un jour, en le secouant par le collet : « Malheureux, tu seras, en France, l’étendard de l’incrédulité ! » L’un et l’autre ne se trompaient point. Au sortir du collège, Arouet retourna au sein de sa famille. Son père, qui voulait en faire un magistrat, lui fit étudier le droit. L’abbé de Chateauneuf, son parrain, le présenta dans les salons brillants qu’il fréquentait ; il y fut accueilli, caressé, choyé par l’élite des courtisans ; là, il se lia avec le marquis de La Fare, l’abbé de Chaulieu, le prince de Conti, le duc de Vendôme, le maréchal de Villars, la duchesse du Maine, tous gens d’esprit, mais d’une grande licence de mœurs. L’abbé de Chateauneuf le présenta aussi chez la fameuse Ninon de Lenclos ; le jeune Arouet, qui avait déjà publié quelques vers, récita devant elle plusieurs pièces de sa composition ; elle fut si charmée de son esprit, qu’elle lui légua une somme de deux mille francs pour acheter des livres. Ce fut là son premier succès.