Blaise cendrars
En ce temps-là j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à seize mille lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cour, tour à tour, brûlait
Comme le temple d' Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j'étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d'or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l'or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J'avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint Esprit s'envolaient sur la place
Et mes mains s'envolaient aussi, avec des bruissements d'albatros
Et ceci, c'était les dernières réminiscences du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.
Introduction
-Poème en vers libre dont le mètre, les rimes, et les strophes sont irréguliers. Il fut illustré par l’artiste Sonia Delaunay sous la forme d’une grand accordéon de deux mètres de long.
- Blaise Cendrars (1887-1961, auteur suisse) écrit ce texte en 1913. Il y relate la fugue de ses seize ans, lorsqu’il prit le premier train qui le conduisit à Moscou. Cet extrait correspond au début du poème et met donc en place une narration informative du voyage de l’adolescent, dans une écriture très musicale.
Plan détaillé :
1. La Narration d’Un Voyage Particulier.
a) Description d’un cadre spatial précis.
-Ce poème se définit dans un premier lieu comme