bobomodo
Historiquement, on peut considérer qu'il existe une littérature de l'époque dite « existentialiste », mais il s'en faut de beaucoup qu'elle ne contienne que des œuvres d'existentialistes déclarés : Camus lui-même a refusé cette étiquette. En revanche, la littérature de l'époque existentialiste se caractérise par un certain nombre de traits dont on trouve l'expression la plus pure et la plus intense dans les œuvres littéraires de Sartre et de Camus. Comme on l'a écrit, l'existentialisme a été, « autour d'un certain nombre d'œuvres auxquelles il convient de restituer leur singularité, un climat philosophique, politique et littéraire, un ensemble de thèmes et de préoccupations qui caractérisent plus une situation historique et une période qu'une grande famille de la littérature française ».
La situation historique était celle de la Libération. C'est dans le climat dramatique de l'Occupation et de la Résistance qu'est née l'angoisse, trait commun de la plupart des écrivains de l'époque existentialiste. C'est d'ailleurs parce que la philosophie héritée de Husserl et de Heidegger place l'angoisse au cœur même de l'existence que sa vulgarisation – dès les années de guerre avec Gabriel Marcel – a rencontré un tel écho et a pu, de ce fait, devenir un thème littéraire. Les grands textes de base de Sartre, comme la Nausée ou de Camus, comme l'Étranger, sont des descriptions d'une expérience de l'angoisse. On en pourrait dire autant des premiers romans de Simone de Beauvoir et aussi