Boltanski
LE MODELE DE BOLTANSKI : LES CITES ET LES MONDES La conception de la justice chez Boltanski et ses élèves, élaborée dans des travaux publiés surtout au début des années 90, commence aujourd’hui à passer dans les textes de vulgarisation. La théorie des « Cités » et des « Mondes » est ainsi utilisée, par exemple, par des formateurs en travail social. Elle vient concurrencer les analyses classiques en termes de stratégie (Crozier, Friedberg) ou en termes de champ et d’habitus (Bourdieu). Il est donc utile de la présenter brièvement, étant donné la place qu’elle commence à occuper dans la sociologie francophone. Il reste qu’il s’agit d’un langage s’écartant du langage habituel de la sociologie, élaboré par une école de pensée particulière au fil d’ouvrages publiés au cours des douze dernières années. Le résumé qui est présenté ici est personnel et il ne peut donc remplacer, pour ceux que cette conception intéresse, la référence aux textes. Ainsi, nous avons construit nous-même une bonne part des exemples. Et par ailleurs, on s’est permis, assez fréquemment, mais en le signalant chaque fois, de s’éloigner de la terminologie de Boltanski lorsque celle-ci ne nous paraît pas claire ou lorsqu’il paraît possible d’en donner une « transposition » dans des termes plus familiers de la sociologie. Dans ce cas, on a signalé par un astérisque la première utilisation d’un terme qui ne fait pas partie du vocabulaire de l’auteur. Nous invitons donc le lecteur à considérer le texte qui suit davantage comme une « interprétation » de la conception boltanskienne que comme un exposé pur et simple1. Par ailleurs, pour simplifier l’exposé, certains commentaires ont été renvoyés à des notes de bas de page qui ne font pas partie de la matière. 1. Les êtres : les personnes et leurs compétences. Les objets. La théorie de la « justice » chez Boltanski s’inscrit, pourrait-on dire, au croisement d’une