A quelque distance de Bagdad, un dervis, renommé pour sa sainteté, passait des jours tranquilles dans une solitude agréable. Les habitants d'alentour, pour avoir part à ses prières, s'empressaient chaque jour à lui porter des provisions et des présents. Le saint homme ne cessait de rendre grâces à Dieu des bienfaits dont sa Providence le comblait. « 0 Allah ! disait-il, que ta tendresse est ineffable pour tes serviteurs, qu'ai-je fait pour mériter les biens dont ta libéralité m'acca¬ble ? 0 monarque des cieux ! 0 père de la nature ! quelles louanges pourraient dignement célébrer ta munificence et tes soins paternels ! 0 Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants des hommes ! » Pénétré de reconnaissance,notre ermite fit le vœu d'entreprendre pour la septième fois le pèlerinage de La Mecque. La guerre qui subsistait alors entre les Persans et les Turcs, ne put lui faire différer l'exécution de sa pieuse entreprise. Plein de confiance en Dieu, il se met en voyage ; sous la sauvegarde inviolable d'un habit respecté, il traverse sans obstacle les détachements ennemis : loin d'être molesté, il reçoit à chaque pas des marques de la vénération du soldat des deux partis. A la fin, accablé de lassitude, il se voit obligé de chercher un asile contre les rayons d'un soleil brûlant ; il le trouve sous l'ombrage frais d'un groupe de palmiers, dont un ruisseau limpide arrosait les racines. Dans ce lieu solitaire, dont la paix n'était troublée que par le murmure des eaux et le ramage des oiseaux, l'homme de Dieu rencontre, non seulement une retraite enchantée, mais encore un repas délicieux ; il n'a qu'à étendre la main pour cueillir des dattes et d'autres fruits agréables ; le ruisseau lui fournit le moyen de se désaltérer : bientôt un gazon vert l'invite à prendre un doux repos ; à son réveil il fait l'ablution sacrée et dans un transport d'allégresse il s'écrie, « 0 Allah ! que tes bontés sont grandes pour les enfants des hommes ! » Bien repu, rafraîchi, plein de