L’homme injuste peut-il parvenir au bonheur, ou sa conscience morale l’en empêche-t-elle nécessairement ? Le bonheur est-il indépendant de la vertu ? Pour Platon, un homme injuste est nécessairement malheureux, même s’il ne le sait pas. Il est malheureux parce qu’il croit faire ce qu’il veut, mais il se trompe. Ce qu’il veut, c’est, comme tous les hommes, le Bien qui est aussi le Juste. Seulement, l’idée qu’il se fait du bien est erronée (par exemple, un homme injuste en affaires qui croit que le bien consiste à avoir le plus d’argent possible, quitte à léser les autres). Autrement dit, il se fait une fausse idée du bonheur ; il croit être heureux avec tout l’argent qu’il a amassé, mais en fait, il est malheureux, car le bonheur consiste en autre chose. Le ressort ici est l’identification du Bien (ou du juste) et du Bonheur ou du bon. Ce n’est donc pas parce qu’il se sent coupable que l’homme injuste ne peut pas être heureux, c’est parce que le bonheur a une définition réelle et objective, et qu’il ne cherche pas réellement le bonheur par son acte. Le Bonheur est à chercher dans la vie droite et juste. Depuis Platon s’est développée une définition subjective du bonheur ; on pense que le Bien (le Juste, la Vertu) n’implique pas du tout le Bon ou le bonheur — on peut passer sa vie à être juste et être toujours malheureux. Mais il faudrait se demander si on peut dire inversement que l’on peut être injuste et être heureux ? La médiation entre les deux pourrait être l’estime de