Boris vian, l'écume des jours, chapitre 11
Les corps se rapprochent d'abord sur un geste volontaire du jeune homme qui commande à son organisme : « Il réduisit l'écartement de leurs deux corps par le moyen d'un raccourcissement du biceps droit, transmis du cerveau, le long d'une paire de nerfs crâniens choisis judicieusement. »· Chloé répond à ce geste de manière tout aussi décidée : elle « appliqua, d'un geste ferme et déterminé, sa tempe sur la joue de Colin.· Si la parole a échoué à rapprocher les amoureux, les corps, grâce à la musique et à la danse, se sont trouvés et sont entrés en harmonie.· Le résultat de ce franchissement immédiat relève du miracle. La passion néantise la réalité, tant que le disque tourne.Conclusion· Toutes les circonstances de la découverte respective de Colin et de …afficher plus de contenu…
Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. Colin reposa le peigne et, s'armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite. Il alluma la petite lampe du miroir grossissant et s'en rapprocha pour vérifier l'état de son épiderme. Quelques comédons saillaient aux alentours des ailes du nez. En se voyant si laids dans le miroir grossissant, ils rentrèrent prestement sous la peau et, satisfait, Colin éteignit la lampe. Il détacha la serviette qui lui ceignait les reins