Bougainville
Les grands voyages et les récits de ces voyages sont à l'origine du mythe du bon sauvage. Dès la fin du quinzième siècle, Christophe Colomb, en 1492, Vasco de Gama en 1497, Magellan, en 1519, Jacques cartier en 1534, avaient respectivement fait route vers l'Amérique, les Indes, le Canada. Leurs carnets de voyage nous révèlent l'existence d'autres peuples, d'autres coutumes, d'autres cultures, d'autres religions. L'Europe prend conscience qu'elle n'est plus seule au monde. Par ailleurs, Nicolas Copernic démontre que la terre est ronde et qu'elle tourne, puis Galilée prouve que la terre tourne autour du soleil. C'en est fini du géocentrisme, c'est la naissance de l'héliocentrisme. Tous ces éléments révolutionnent les systèmes de pensée, la diversité des hommes et des coutumes voit naître le relativisme.
Déjà Montaigne dans les Essais, plus particulièrement dans Des Cannibales et Des Coches, nous dresse un portrait de ce que l'on appellera au dix-huitième siècle le "bon sauvage" et nous vante les mérites de ces peuples purs et innocents, à l'inverse des Européens, vils et cruels. Il fait l'éloge de leurs qualités morales, la loyauté, la franchise, le courage, la fermeté, la constance, de leur bon sens, de leur habileté. Ils n'attachent à l'or et aux pierres précieuses qu'une importance esthétique et ne s'en servent que pour rendre leurs villes plus belles Ils ne connaissent ni l'envie ni la jalousie et ne se s'adonnent à aucune guerre de conquête. La propriété privée n'existe pas plus que la notion de classe sociale.
Dans Supplément au voyage de Bougainville, Diderot exprime une pensée qui s’oppose au mythe et qui provoque sa chute : pour lui, le « bon sauvage » n’exista pas. Il faut juger chaque homme tel qu’il est. Bien qu’il soit d’accord que les Tahitiens vivent d’une manière heureuse et libre et même si leur bonheur lui donne l’occasion de confirmer sa théorie des trois codes, Diderot déclare que la nature et les « sauvages » ne sont