Boule de suif
Maupassant est après Zola, le deuxième auteur naturaliste le plus connu. Fils spirituel de Flaubert, élève prodige de Zola il va publier un nombre record de nouvelles, tantôt fantastiques, tantôt réalistes, parmi lesquelles Boule de Suif, écrite dans le cadre du recueil collectif des Soirées de Médan. La nouvelle raconte comment une ex-prostituée méprisée des bourgeois va devoir les sauver d’un mauvais pas après la débâcle, en se prostituant de nouveau. La nouvelle très ironique, se concentre sur une dizaine de pages dont nous avons ici la toute fin, c’est-à-dire l’excipit. Cet excipit est parcouru par la notion de contraste, que nous allons étudier de trois points de vue : contraste dans la forme (entre discours et récit), contraste des registres (entre tragique et satirique) et contraste dans le rapport entre un auteur-narrateur et son personnage principal (entre dépréciation et héroïsation).
Cet extrait fait apparaître une série de contrastes formels. La disposition du texte, irrégulière, fait apparaître des blocs narratifs qui s’opposent à des courts paragraphes créant un effet de morcellement, de dislocation, comme pour signaler, dans la forme déjà, que rien ne sera cohérent dans cette fin de nouvelle et qu’il n’y a aucune harmonie possible, aucun aboutissement satisfaisant. Le texte est donné à voir par l’intermédiaire de plusieurs instances, qui ne relèvent pas de la même logique. Le texte montre un cumul de deux focalisations : l’interne (à Boule de suif, quand on suit ses pensées : « alors elle songea à son grand panier tout plein de bonnes choses … ») et l’omniscient (« personne […] ne songeait à elle »).
Cet extrait est également un empilement de registres mal assortis. Le comique vient du contraste, du choc des images entre elles : les bonnes sœurs sont occupées à ranger ainsi « le reste de leur