Boule de suif
L'Union européenne est sans doute la plus belle et la plus grande réalisation politique de l'Histoire : la première fois que des peuples cessent de se battre et d'affaiblir leurs voisins pour, progressivement, au travers de mille difficultés et malgré les égoïsmes nationaux, parvenir à construire de manière démocratique des structures qui permettent de "vivre ensemble". C'est un grand rêve et nous sommes en train de le réaliser. Nous sommes dans la paroi difficile, celle qui consiste à préciser les objectifs finaux et les moyens pour les atteindre. Parmi les difficultés, se trouve la détermination des frontières orientales de l'Europe : faut-il intégrer les pays demandeurs que sont à des degrés divers, la Turquie, l'Ukraine et la Géorgie et d'autres encore ? D'innombrables articles, livres et conférences ont déjà traité ce sujet et beaucoup de citoyens européens, et même non européens, ont pris parti avec des arguments qui ne manquent pas de force. Nous ne les évoquerons pas ici car nous voulons attirer l'attention sur deux points particuliers qui nous semblent majeurs. Ils élèvent le débat et visent le long terme, on dirait aujourd'hui le durable et, en cela, ouvrent des perspectives qui ne peuvent être négligées dans le présent.
Le modèle européen
De nombreuses raisons font de l'Europe une réussite, mais l'une d'elles peut être soulignée, c'est la fonction modératrice introduite par le développement d'un pouvoir central, extérieur à celui des États, qui s'impose par les accords successifs de tous les participants. Une sorte de double gouvernance s'est mise en place : nos États ne sont plus totalement souverains, nos gouvernements ne font plus tout ce qu'ils veulent dans les domaines qui concernent aussi leurs voisins. A partir du moment où ils décident de faire partie de l'UE, ils en acceptent les lois communes, puis sont incités à les appliquer et même rappelés à l'ordre s'ils ne le font pas. Ils