Boulimie tcc
Prise en charge de patients boulimiques en thérapie cognitive et comportementale
Médecin généraliste, je suis amenée de plus en plus régulièrement à prendre en charge des patients boulimiques. Face à cette maladie, le soignant que je suis est confronté aux difficultés suivantes. Tout d’abord, le symptôme alimentaire et sa place envahissante. Réalité douloureuse, ces crises de boulimie comblent le vide ou le surplus émotionnel, déconnectant la patiente des signaux physiologiques envoyés par son corps. La faim, la satiété, les plaisirs éprouvés à travers l’aliment sont autant de pièges à déjouer, où l’émotion finit par l’emporter sur les sensations corporelles. Ensuite, la plurifactorialité de cette maladie. L’histoire familiale, les troubles de la personnalité, la relation avec l’autre… multiplient les portes d’entrée dans le symptôme. Devant ces multiples pistes à explorer et à prendre en charge, par quel bout commencer ? Enfin et surtout, l’ambivalence de la patiente à s’engager dans un changement de comportement. Il s’agit, en effet, pour ces patientes d’abandonner un comportement qui permet de supporter le mal-être en remplissant le vide d’un trop-plein de désirs inaccessibles et culpabilisateurs. De plus, les vomissements qui l’accompagnent protègent de la pensée obsédante de « prendre du poids » et permettent d’effacer transitoirement le symptôme.
Annie Barneoud, médecin généraliste.
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LA BOULIMIE, UNE INDICATION POUR SE PERDRE
Qu’est-ce qui peut bien alors pousser une patiente à laisser tomber ces boulimies et ces vomissements qui soulagent, rassurent, permettent de supporter la frustration du désir, la culpabilité et surtout de « se » supporter ? Et finalement pourquoi guérir quand on ne se reconnaît peut-être pas comme « malade » ! Cette maladie à entrées multiples où tous les facteurs interfèrent est un casse-tête thérapeutique ; les objectifs des deux protagonistes, le médecin et son patient, bien que pouvant paraître