Bourdieu,
Le «goût de la réflexion» et le « goût des sens».

Ce texte est extrait du post scriptum de l’ouvrage de Pierre Bourdieu publié en 1979, LA DISTINCTION- Critique sociale du jugement de goût. Cet ouvrage est une lecture qui se veut plus sociologique que philosophique de l’ouvrage d’Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, à travers laquelle Bourdieu cherche à démontrer le fondement social de l’opposition du «goût pur» ou « goût de la réflexion» au « goût des sens».

Thèse: L’analyse philosophique du «goût pur» en opposition à un goût «barbare», primaire, et plus particulièrement l’analyse philosophique de Kant, ne serait qu’un moyen de légitimer l’universalité d’un «bon goût» imposé par une classe dominante aux dominés.

Termes clés: goût pur; goût des sens; violence; dégoût; jouissance; bourgeoisie; peuple; nature; culture.

l.1 à 47 : Bourdieu se soumet à une étude de l’opposition du goût pur et du goût des sens selon Kant. l.1 à 4, Il évoque la violence à laquelle le «goût pur» se refuse. celui ci réclame en effet une distance, dit « le respect» entre le spectateur et l’oeuvre, c’est à dire que l’oeuvre se doit de respecter le spectateur et sa liberté, son autonomie. Il cite Adorno : Selon celui ci, le spectateur populaire est la victime de la culture dite elle même populaire, c’est à dire que la musique populaire moderne n'a plus rien de vraiment populaire, qu'il s'agit uniquement de produits conçus par de grandes entreprises pour une consommation de masse. Ainsi, pour lui les différences de goût et d'identité perçus dans la musique populaire ne proviennent que de l'aliénation et l'invention d'une fausse individualité, dans une société où toute vraie individualité est écrasée, il s’agit donc effectivement d’un processus que l’on peut qualifier de violent. l.6 à 21, Bourdieu explique le principe du «goût pur» sous forme négative, donc sous forme du refus de cette violence à laquelle se soumet le goût « grossier» ou « vulgaire»,