Bourgeois gentilhomme
La divine surprise
La Comédie française, gardienne du théâtre français, antre des trésors classiques de la dramaturgie persiste donc. "1436e représentation", indique-t-elle fièrement sur le programme. Et elle a bien raison. Car quelle merveille que cette mise en scène, quelle divine et insoupçonnée surprise ! Du Jean-Louis Benoit me direz-vous. Certes, mais un metteur en scène ne transforme pas une pièce, il ne fait "que" lui redonner vie. Un bon metteur en scène ne fera jamais d’une pièce médiocre un chef-d’œuvre : une pièce de théâtre est un tout ; elle n’existe que par elle-même.
Richesse et densité
Le Bourgeois gentilhomme n’est pas une pièce mineure de Molière ; et ce n’est pas un hasard si elle est rejouée, encore aujourd’hui. Ecrite en 1670, c’est une pièce tardive ; elle vient après Tartuffe, Don Juan ou Les Précieuses ridicules ; ce n’est donc pas un coup d’essai, loin de là. Si elle apparaît de prime abord bien dépourvue d’aspérités , la mise en scène de J.-L. Benoit nous aide à découvrir rétrospectivement toute sa richesse. Non qu’elle soit cachée comme l’est un bijou dans le double-fond d’un coffret, mais elle est enfouie assez profond pour qu’on n’ait pas la curiosité