Bouts de bois de dieu
Il décrit la grève que menèrent en 1947 les cheminots africains de la ligne Dakar-Niger, du temps de la colonisation française.
Bakayoko, le meneur de la grève, soutient moralement les grévistes et les appuie financièrement, au début, grâce aux dons du syndicat communiste français, la CGT. À partir du moment où le chef de la voie ferrée refuse d’entamer des pourparlers avec les grévistes, les partis se raidissent dans leur attitude, à telle enseigne que les femmes se sentent obligées d'entrer en scène. Elles soutiennent les hommes et les enjoignent à ne pas rompre le mouvement de grève qu’ils ont commencé. Ce mouvement va atteindre son paroxysme avec la marche de protestation des femmes de Thiès à Dakar. Cette marche est cruciale dans cette grève et montre la portée des femmes à soutenir leurs hommes dans cette grève.
"En tête des ‘marcheuses’ venait Mariame Sonko dont Maïmouna, l'aveugle, tenait le bras, la grosse Awa, la Séni, Aby la rieuse qui tendait ses jeunes seins fermes comme des mangues vertes.
Elle secoua son pagne au-dessus de sa tête et l'étala sur la chaussée,devant les pieds de Mariame Sonko. Interdite, celle-ci s'arrêta.
- Non, non, cria la vieille femme, avancez, avancez, marchez dessus! C'est ainsi que dans les temps anciens on recevait les vainqueurs qui rentraient au village!
Avec de grands cris d'enthousiame, son exemple fut suivi et bientôt l'asphalte fut jonché d'autres pagnes, de mouchoirs de tête, de camisoles et même de bouts de chiffons. Les marcheuses avancèrent sur ce tapis multicolore qui donnait à leur arrivée un air de fête". (p. 327)
Par cette manifestation, les femmes obligent les Français et leurs acolytes, dont les chefs religieux et les hommes politiques du pays, à s'asseoir à la table des négociations et à accepter les revendications des grévistes.
"Au-dessus de leurs têtes, on pouvait lire les slogans suivants sur les