Brancusi et son atelier
A-t-on jamais été assez conscient du fait que l'atelier parisien tenu par Brâncuşi : 8 Impasse Ronsin, 40 ans durant a constitué un creuset du développement artistique pour la première moitié du siècle ?
L'Atelier de Brâncuşi devient vers les années 1920 l'une des attractions parisiennes étant simultanément un temple et un laboratoire de l'art, un lieu de confrontation entre l'ordre tracé par l'homme et le chaos de la nature. Une synergie de valeurs, discours et praxis. Les écrivains, peintres, musiciens, sculpteurs, danseurs, collectionneurs d'art sont reçus par le "prince-paysan" selon les règles de l'hospitalité roumaine et les débats se prolongent parfois des nuits entières. Tel un volcan dans sa forge, Brâncuşi vivait seul avec son énergie créatrice. - « je découvris cet univers clos sur une création de toute une existence, à la fois de travail et de vie, sanctuaire, laboratoire, galerie et musée, espace de silence et de solitude aux murs blancs, badigeonnés à la chaux, peuplé de fantômes blancs, blancs comme la barbe de ce vieil artiste, sa robe de moine et son bonnet. » (Cabanne, P ., Brancusi, Paris, Ed. Terrail, 2002).
C'est à l'intérieur des murs de son atelier, que le sculpteur réussit à imposer sa vision d'un nouveau rapport à l'espace, celui de l'environnement total, destinant au visiteur l'expérience de son œuvre ultime, celle de son lieu de travail. Dès les années dix, en disposant des sculptures dans une étroite relation spatiale, il crée au sein de l’atelier des œuvres nouvelles qu’il nomme groupes mobiles, signifiant ainsi l’importance du lien des œuvres entre elles et les possibilités de mobilité de chacune au sein de l’ensemble.
A partir des années vingt, l’atelier devient le lieu de présentation de son travail et une œuvre d’art à part entière, un corps constitué de cellules qui se génèrent les unes les autres. Cette expérience du regard à l’intérieur de l’atelier vers chacune des sculptures pour constituer un