Brazaville
Paris, 2-4 octobre 1995
DES QUARTIERS POUR TERRITOIRES ?
Guerre des milices, fragmentation urbaine et recompositions identitaires à Brazzaville
Élisabeth DORIER-APPRILL
Université d’Aix-en -Provence
En 1991, avec l'ouverture de sa Conférence nationale, le Congo émergeait de plus de 25 ans de monopartisme dominé depuis 1968 par l'armée et ses dignitaires originaires du Nord du pays. Pendant toute cette période, les ressortissants du sud (Kongo, majoritaires dans le pays et encore plus à Brazzaville), se sont trouvés évincés de la plupart des postes de responsabilité, notamment dans l'armée. On parle alors de Nordistes et de Sudistes au lieu d'employer la terminologie "ethnique" honnie par le régime marxiste, mais il est évident pour tous que le clientélisme ethno-régionale est une composante essentielle de la vie politique. carte n°1
Les multiples consultations électorales de 1992 étaient l'occasion de profondément renouveler le personnel politique dans un esprit démocratique et de rompre avec ces pratiques.
Or, face à la nécessité de constituer des majorités, les candidats1 ont systématiquement pris le parti de recomposer la population congolaise en clientèles familiales, ethniques et régionales.
Géographie des ethnies et géographie électorale au Congo et à Brazzaville
Les résultats électoraux de 1992 avaient déjà révélé, à l'échelle du pays, d'inquiétants clivages ethno-régionaux2. La carte électorale du Congo, géographiquement très contrastée, traduit l'existence de véritables fiefs politiques dans le pays : On distingue facilement 3 grands pôles régionaux. Au nord, c'est l'ancien Parti unique (le PCT) qui domine. Dans le Pool, (autour de
Brazzaville) le parti d'opposition de B. Kolelas3 obtient presque 2/3 des voix, tandis que le pouvoir actuel, massivement soutenu par les régions du sud-ouest4 (Niari, Lekoumou,
Bouenza) est fortement minoritaire dans la capitale et dans ses environs.
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