Bref, avoir conscience de soi, c'est certes avoir conscience que l'on existe, mais il me semble aussi avoir conscience de ses attitudes, du regard que les autres portent sur nous, c'est-à-dire de l'image que l'on véhicule. Et on en revient à la question posée par le sujet : maîtriser son image est-ce se maîtriser soi-même ? La tension de ce sujet est palpable : d'un côté la conscience de soi nous invite à penser que l'on sait entièrement ce que l'on est -puisqu'on en a conscience- mais en face, on peut opposer que ce n'est pas parce que l'on sait qui on est qu'on n'a pas d'actes manqués, c'est-à-dire que parfois, ces mots, certains gestes nous échappent, par rapport à des situations qui nous dépassent et que l'on ne peut pas contrôler. Dès lors, est-ce que l'on reste maître de soi-même ? La colère par exemple est une émotion forte, et bien que l'on ait conscience d'être en colère, donc de son être entier rempli par cette émotion, le propre de la colère c'est d'être incontrôlable. On peut perdre le contrôle de soi-même tout en en ayant conscience.
L’action qui vise un but est une action libre, tandis que le mouvement d’un météore est déterminé, car celui-ci ne choisit pas son trajet. L’homme est libre en autant qu’il est conscient. Qu’il étudie l’objet inanimé, l’action humaine ou l’être vivant en général il utilise sa raison, il exerce sa liberté de penser. Ce n’est pas parce qu’un objet agit de manière déterminée qu’on le comprend avec une raison différente. La raison procède de la même manière pour tout le monde, seul l’objet étudié est régi selon des lois différentes. On ne peut pas opposer le pouvoir à la liberté, car celle-ci est elle-même un pouvoir. Si l'on est libre d’agir, c’est que l'on peut agir. De même, si l'on est libre de penser, c’est qu'on le peut. Cette liberté, ce pouvoir est la faculté de penser, la raison, la conscience, l’esprit. La conscience ne nous est pas fournie d’un bloc, elle se développe par expérience,