Brindusa grigoriu
Le présent essai se propose de réfléchir sur la singularité de la position d’Yseult la Blonde à l’intérieur du couple, sur la fonction symbolique et pragmatique du personnage, sur la possibilité de reconsidérer les motifs légendaires de sa perspective à Elle. S’appuyant sur une analyse d’inspiration pragmatique du Tristan de Béroul, l’étude suit la relation tristanienne depuis le stade du rendez-vous épié jusqu’à celui de l'exécution de l’intrus.
A l’intérieur d’un Nous dont l’unité est constamment remise en question, la situation d’Yseult est analysée dans ses rapports complexes avec les deux hommes qu’elle appelle sire. Bien que l’on ne puisse conclure à l’existence d’un Roman d’Yseult en filigrane, on se propose de déclencher, sous ce jour autre, une relecture désabusée, voire démystifiante de la version de Béroul.
Yseult la Blonde dans un Roman de Tristan
La version de Béroul
Si la légende porte bien son titre –de Tristan et Yseult-, honorant la mémoire (partielle et partiale) d’un couple à jamais un, les romans tristaniens, en revanche, ne content que de Tristan, comme si Yseult n’était qu’un catalyseur des pulsions de mort que le sombre héros recelait avant toute chose. Avant Yseult aussi.
Cette vision apriorique voudrait que le Thanatos éclot en toute sa nocturne splendeur grâce à(ou en dépit de) la présence d’une certaine jeune femme dont le trait distinctif- dans toutes les versions connues- fut de posséder des cheveux d’or. D’où toute une mythologie androgynique retrouvée, toute une poésie de l’union des contraires.
En fait, les romans primitifs de Tristan relatent une estoi re légèrement différente : si magnétisme il y a, il fonctionne dans le sens de la répulsion autant que dans celui de l’attraction.