Britannicus
Les héros de Britannicus n'ont pas de sentiments. Ils trichent, mentent, espionnent et manipulent sans le moindre remords. Prenons pour exemple Narcisse, le conseiller de Britannicus : ce dernier le prend pour son ami, son compagnon, alors que, sans vergogne, il pousse Néron à le séparer de Junie (v. 521 : « Seigneur, bannissez-le loin d'elle »), et encourage même l'Empereur à tuer son propre frère (v. 1391 : « Seigneur, j'ai tout prévu pour une mort si juste. Le poison est tout prêt »). Même lorsque Néron refuse l’empoisonnement, il le manipule en le montant contre sa propre mère.
Le conflit amoureux sur fond d'affrontement politique aura pour conséquence une lutte au sommet et la mort du plus faible. Le doute, la mort et la tromperie planent au détour de chaque scène.
Le vers 1314 illustre d'ailleurs assez bien l'ensemble de la pièce, prononcé par Néron : « J'embrasse mon rival mais c'est pour mieux l'étouffer ».
L'accomplissement de la catharsis et le respect des règles de la dramaturgie classique, à savoir l'unité de lieu, d'action, de temps et de la loi de bienséance renforce la dimension tragique, car l'essentiel de l'action se déroule hors-scène, ce qui excite la curiosité du spectateur lors des scènes explicatives des événements-clefs. Chacun des Actes correspond d'ailleurs à un degré dans la montée des tensions : L'acte I rempli son rôle de scène d'exposition, en résumant les faits antérieurs et en présentant la situation actuelle à Rome. L'acte II est centré sur l'intrigue amoureuse et la lutte entre le couple Britannicus-Junie contre Néron.
L'acte III créé une rupture : Néron, qui ne s'était contenté jusque là de quelques menaces verbales envers Junie, afin qu'elle rompe avec son fiancé, surprend le couple, et fait arrêter Britannicus. Pensant que sa mère a arrangé