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Ce texte, typique de l’esprit voltairien est doublement polémique : par le sujet qu’il traite et le ton employé. En effet, nulle raison dans le comportement des souverains belliqueux et de leurs troupes, manipulées au gré des caprices de ceux-ci.
|1. |Un généalogiste prouve à un prince qu’il descend en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de|
| |famille il y a trois ou quatre cents ans avec une maison[1] dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait|
| |des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie : le prince et son conseil|
| |concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques |
|5. |centaines de lieues de lui, a beau protester qu’elle ne le connaît pas, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par |
| |lui, que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement ; ces discours ne parviennent pas |
| |seulement aux oreilles du prince dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d’hommes qui |
| |n’ont rien à perdre ; il les habille d’un grand drapeau bleu à cent dix sous l’aune[2], borde leurs chapeaux avec du |
| |gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche, et marche à la gloire. |
|10. |Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une |
| |petite étendue de pays de plus de meurtriers que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet[3], n’en traînèrent à leur suite. |
| |Des peuples assez éloignés entendent dire qu’on va se battre, et qu’il y a cinq ou six sous par jour à gagner pour |
| |eux, s’ils veulent être de la partie ; ils se divisent aussitôt en