Cabaret vert
UN POÈME DE ROUTE
On remarque d’emblée la prolifération des indices spatio-temporels : Le poème est daté : « octobre 70 ». Le texte précise que l’anecdote s’est déroulée huit jours après le départ du voyageur (v1 : « Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines / Aux cailloux des chemins »). Et nous savons que cela se situe en Belgique, plus précisément à l’entrée de Charleroi (v.2). Rimbaud précise dés le titre le nom du lieu (« Au Cabaret-Vert ») qu’il répètera dans le poème au v.3 ; il l’accompagne de la mention : « cinq heures du soir » qui peut désigner à la fois le moment de l’événement et le moment de l’écriture. Si l’on retient cette deuxième interprétation, le poème apparaît dès le titre comme une note de voyage, prise sur le vif, une page d’un journal de bord où le voyageur note ses impressions en consignant avec soin le lieu et l’heure.
La multiplication de ces références cherche à produire sur le lecteur un effet de réel. La poésie de Rimbaud se présente ouvertement ici comme un reflet de sa vie. Le poème est le souvenir d’un voyage à pied, réellement effectué, dont on nous précise de façon réaliste le moment et le lieu. La présence de la première personne renforce encore cet aspect autobiographique. Par ailleurs, le récit qui nous est fait concorde avec ce que nous savons des fugues effectuées par Rimbaud pendant l’été et l’automne 1870.
Le style d’écriture du poème renforce cet effet de réalisme par une recherche évidente de prosaïsme. Comme pour mieux donner au sonnet une