Caligula
Roméo et Juliette composée vers 1595 est, de toutes les pièces de Shakespeare, celle qui aura connu la plus abondante postérité. La querelle des Capulet et des Montaigu aura donné naissance à quantité d’opéra, de ballet ou de films. Si les amants de Vérone sont ainsi promis au tragique, c’est que le destin leur est hostile. Non seulement ils sont nés sous une mauvaise étoile mais sont victimes d’une suite de circonstances malheureuses qui feront de leur histoire un mythe. « Roméo et Juliette est-elle une tragédie de la fatalité ou de la malchance ? » Nous montrerons qu’une fatalité pèse effectivement sur les personnages avant de voir quel rôle le dramaturge fait jouer au hasard et à la malchance.
L’ancienne querelle des deux familles relève de la fatalité sociale à laquelle vient s’ajouter le déterminisme des astres. L’origine de la querelle entre les Montaigu et les Capulet n’est jamais mentionnée mais le prologue précise qu’elle est « ancestrale ». Elle touche donc Roméo et Juliette qui ne sont aucunement concernés par elle autrement que par leur appartenance aux familles ennemies. D’ailleurs, elle pourrait s’apaiser, c’est ce que souhaite le vieux Capulet lors du bal où il interdit à Tybalt de chercher querelle à Roméo. Cette fatalité sociale joue un rôle très important mais qui pourrait être transformé par un apaisement et une réconciliation qui aura finalement lieu. La pièce est donc une tragédie dans laquelle les héros sont châtiés sans être responsables ni de la rivalité de leurs familles ni des contretemps. Shakespeare reprend ici le thème de la roue de Fortune si souvent représentés dans les gravures médiévales. Or, cette roue de Fortune tourne au gré des astres. Les deux amants subissent également le déterminisme des astres et d’abord de la lune. Elle est invoquée par Roméo et redoutée par Juliette qui la juge