« Chanson d'automne » in Poèmes Saturniens, Verlaine

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
De-cà, de-là,
Pareil à la
Feuille morte.

Si Verlaine se déclare saturnien, né sous une « Influence maligne », ce n’est point par jeu. En effet, il boit, peut être pour échapper à une tristesse anxieuse ; et durant ses crises de fureur, il brutalise sa mère. La mort de son père en 1865, son amour fou mais sans aucun espoir pour sa cousine Elisa, contribuent à le désaxer. Verlaine développe ainsi une sensibilité inquiète de la vie. Il partage avec Baudelaire un goût pour la provocation. Cette volonté de rupture se ressent à travers un travaille de la langue qui se veut révolutionnaire. Il a une volonté de rompre avec la poésie traditionnelle. Ainsi, son premier recueil, les Poèmes Saturniens parut en 1866, révèle en dépit d’une profession de foi parnassienne, des tendances tout à fait personnelles comme sa sensualité, sa mélancolie ou une musicalité suggestive. Alors que la section des « eaux fortes » suit la lignée parnassienne, « Chanson d'automne », cinquième poème de la troisième section « paysages tristes » voit tout l’originalité de Verlaine s’exprimer. Le titre de ce poème saturnien renvoi à la section dont il est extrait et à la création poétique avec le substantif « chanson ». En effet, au XIXème siècle, la chanson est un genre libre sans ton ni caractère fixe. Elle désigne le plus souvent une pièce de vers courts aux strophes rythmées. « Chanson d'automne » étonne donc par son rythme et sa brièveté, après le long poème qui le précède, « Nuit du Walpurgis classique ». Verlaine rend hommage à Baudelaire en faisant référence à deux poèmes de celui-ci : « Chant d'automne » et « Sonnet d'automne » in Les fleurs du mal. Le thème est la