Camus et le lyrisme
Pour mettre en perspective le versant lyrique de l'œuvre de Camus, Hervé Ferrage étudie les rapports conflictuels entre lyrisme et histoire. Le terme "lyrisme" au sens d'élévation, emportement, apparaît dans le premier tiers du XIX° siècle. Il prétend à l'universel; l'intime devient alors modèle de l'infini; l'unité est soit reconquise, soit espérée.
En France, les premiers Romantiques, avec Hugo, revendiquent l'alliance du lyrisme et de l'Histoire: le poète devient l'éclaireur d'un monde nouveau, il doit, dans le présent, dégager les forces d'avenir.
Avec Baudelaire et ses Petits poèmes en prose, la poésie se fraie un chemin à travers le réel urbain. Puis la période devient plus complexe. On fait grief à Mallarmé et à Rimbaud d'avoir sacralisé l'écriture poétique. Camus, dans L'Homme révolté, en dénoncera les dérives formalistes. Le surréalisme prolonge l'aventure de Rimbaud. Après la première guerre mondiale, la réalité historique devient criminelle.
Noces refuse la poésie. Camus est en-deça ou au-delà du langage lyrique.
En l'absence de Paul Viallaneix, Marie-Louise Audin a accepté de prendre la parole de manière impromptue. Son improvisation sera remarquable.
Pour elle, le lyrisme est la traduction de l'émotion, d'une subjectivité. JE et le présent en sont la marque. Noces est écrit au présent.
Dans Le Mythe de Sisyphe, Camus donne deux définitions du lyrisme. Il oppose La Palisse (1) à Don Quichotte et parle, dans "La liberté absurde", du lyrisme des formes et des couleurs. Il s'agit d'un lyrisme analogique, métaphorisé. Ainsi Camus utilise-t-il systématiquement l'image pour dire autre chose que l'émotion à l'état brut.
De Noces se dégage un érotisme brûlant qui garde