Camus la peste
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L'AUTOFICTION : UNE RÉCEPTION PROBLÉMATIQUE Mounir Laouyen Université Blaise Pascal
L'auteur : Doctorant à l'Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand II), il est lié au Centre de recherches sur les littératures modernes et contemporaines (CRLMC). Intéressé par tout ce qui se rapporte à l'écriture personnelle (en particulier l'autobiographie, l'autofiction et l'autoportrait), il travaille à une thèse sur l'autobiographie. Il a dirigé un ouvrage collectif intitulé Perceptions et réalisations du Moi, à paraître en juin 2000.
Notre propos prendra appui sur deux textes autobiographiques qui ont eu un sort euphorique, de par leur excentricité générique : Romanesques d'Alain Robbe-Grillet, un triptyque regroupant Le Miroir qui revient (1985), Angélique ou l'enchantement (1988) et Les Derniers jours de Corinthe (1994), d'une part, et Roland Barthes par Roland Barthes (1975), d'autre part. Ce corpus nous servira de point de départ pour apporter quelques éclairages sur une catégorie textuelle qui recouvre des autobiographies rebelles ou transgressives ayant reçu le nom d'autofiction. Ce néologisme, mal compris et mal admis, circule avec beaucoup de mal dans les milieux universitaires ; il a été créé par Doubrovsky en 1977 lors de la publication de Fils, [1] un titre polyphonique dont l'ambiguïté rejaillit sur le contrat de lecture. Rappelons que cette même notion apparaît également dans le domaine anglo-saxon avec le mot-valise faction, une couplaison de fact et de fiction.
L'autofiction : définition, enjeux et perspectives :
Le péritexte de Roland Barthes par Roland Barthes affiche d'emblée une formule à forte teneur subversive et irrévocablement antiautobiographique : " Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman ", voilà un pacte qui sert à rompre le pacte. [2] La substance du livre serait donc fatalement romanesque. Mais si ce livre était réellement fictif, aurait-il été vraiment nécessaire de le préciser