Camus l'etranger
Si l'on tente de lire le dénouement de L'Étranger à la lumière théorique et rétrospective du Mythe de Sisyphe, plusieurs interprétations se présentent à nous qui toutes nous disent que Meursault n'a pas su "soutenir le pari déchirant et merveilleux de l'absurde", car ces interprétations sont autant d'explications d'un "consentement". Si par exemple Meursault consent à sa propre mort il peut être comparé au suicidé. C'est l'acceptation à la limite. "Tout est consommé, l'homme rentre dans son histoire essentielle. Son avenir, son seul et terrible avenir, il le discerne et s'y précipite". Le suicide résout donc l'absurde. Il l'entraîne dans la mort. Certes Meursault n'a pas les moyens de sa propre mort, mais dans ce cas de figure il veut, à la manière héroïque et humoristique du sage stoïcien, ce qui lui arrive : sa condamnation à avoir la tête tranchée... Et par là même il échappe à l'absurde.
Deuxième hypothèse : Il s'agissait de "mourir irréconcilié" et c'est en communion avec le monde que Meursault va au contraire à la mort. Sa réconciliation finale n'apparaît alors que comme une ultime illusion consolatrice. En revêtant le monde d'un sens illusoire, Meursault cède à cette exigence anthropomorphique de familiarité avec ce qui pourtant nous est radicalement hostile et étranger. Il a nié "l'épaisseur" et "l'étrangeté" du monde et par là même l'absurde s'est évanoui. "Il y a tant d'espoir tenace dans le cœur humain. Les hommes les plus dépouillés finissent quelquefois par consentir à