Candid ou l'optimisme
1. Candide, un apologue ou un récit au service d’une idée
a. Un conte merveilleux Candide s’ouvre sur une formule traditionnelle du conte merveilleux : le « Il y avait en Westphalie dans le château de monsieur le baron de Thunder-Ten-Tronck, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces » fait écho au « Il était une fois… » des contes classiques. De même l’enchaînement extraordinaire des actions, l’incroyable destin d’un héros qui échappe à tous les périls et les endroits fabuleux comme l’Eldorado sollicitent l’imagination. Candide est aussi un récit de voyage : le héros parcourt le monde, de Prusse au Paraguay, du Surinam à la mer de Propontide en passant par Paris. Récit de voyage, roman d’aventures, quête amoureuse, roman d’initiation, la variété de la matière romanesque est le maître mot de ce récit propre à susciter la curiosité du lecteur. b. L’utopie dans Candide Au cœur du récit de Candide, se glisse un autre genre de l’apologue : l’utopie. Ce terme qui vient du grec u-, « non », et topos, « lieu » et qui signifie littéralement « ce qui n’existe nulle part », est celui donné par Thomas More (1478-1534) à la cité idéale qu’il imagine dans son récit Utopia (1516). Il désigne aujourd’hui un récit qui présente des voyages et des terres imaginaires et idéales où se découvrent des formes nouvelles d’organisation politique et sociale. L’utopie a donc un double avantage : elle a d’abord un aspect séduisant, puisqu’elle transporte le lecteur dans le monde du rêve et de l’idéal ; mais dans ce siècle de contestation qu’est le XVIIIe siècle, l’utopie est un moyen qui permet la remise en question de la société de l’Ancien Régime et des préjugés européens. Dans Candide, on peut relever trois utopies, qui donnent un sens à la structure du texte et montrent l’importance dans le conte de la réflexion sur le bonheur du plus grand nombre. Le conte s’ouvre sur une première utopie, celle du château de Thunder-ten-tronck. Candide