Candide au xxieme siècle
Quand Candide et Cacambo sortirent du métro parisien il faisait très froid. Des volutes de buée sortaient régulièrement de la boule de la foule. Celle-ci, enfermé dans sa bulle était inconsciente de ses voisins. Elle vivait seule, pressée, obnubilée par cette sensation que le temps s’écoule toujours plus vite emportant les quelques retardataires qui ne suivaient pas son rythme, LE rythme. Les deux étrangers errèrent sans but précis, bousculée par la foule toujours aveugle. Ils s’assirent ensuite sur un banc et regardèrent rêveusement les gens s’affairer. Ils eurent l’impression que le temps s’arrêtait jusqu’à ce que leur ventre les ramène à la réalité. Ils avaient faim, soif, ils étaient harassés de fatigue et leurs dernières économies étaient parti la veille dans la poche d’un vieux restaurateur au sourire aussi gras que son ventre. Ils se levèrent difficilement et titubèrent doucement en direction d’un grand bâtiment. Des hommes et des femmes s’engouffraient sans répit et ressortaient l’instant suivant, pour s’engouffrer dans le bâtiment voisin. Ils entrèrent, descendirent et se retrouvèrent au milieu une grande place souterraine. Cette place, entourée de multiples boutiques à la devanture illuminée comme le jour de Noël, devait être le cœur de la construction car des personnes arrivaient à toute allure de toutes les directions se frôlaient sans se bousculer et disparaissaient. Ce simulacre de danse fit penser Candide à sa douce et tendre Cunégonde dont la grâce qui l’émerveillera toujours la faisait se déplacer comme un petit rat de l’opéra, avec une délicatesse et une légèreté tout à elle. Il soupira, que ne ferait-il pas pour la savoir à ses côtés ? Cacambo sortit Candide de sa douce rêverie et le mena jusqu’à des escaliers où ils s’écroulèrent pesamment. Autour d’eux, les gens passaient, indifférents à leur misère. Plusieurs fois on s’adressa à eux mais ce n’était que pour les rabrouer, leur faisant comprendre avec