Candide, chapitre 30
INTRO : Candide est un conte philosophique écrit en 1759 par Voltaire, grand philosophe des Lumières. Cette époque correspond à l’émancipation des idées lorsque l’ignorance laisse place au savoir. La liberté a été l’un des combats les plus importants de cette époque. Le texte étudié est un extrait du chapitre 30 qui relate la rencontre de Candide et de Pangloss avec un vieillard. A travers ce passage, quelle est la philosophie du bonheur de Voltaire ? Tout d’abord, il s’agira d’étudier la représentation idéale d’une petite communauté, ensuite d’analyser les affaires politiques, puis le sens moral du conte.
Pendant cette conversation, la nouvelle s’était répandue qu’on venait d’étrangler à Constantinople deux vizirs du banc et le muphti, et qu’on avait empalé plusieurs de leurs amis. Cette catastrophe faisait partout un grand bruit pendant quelques heures. Pangloss, Candide et Martin, en retournant à la petite métairie, rencontrèrent un bon vieillard qui prenait le frais à sa porte sous un berceau d’orangers. Pangloss, qui était aussi curieux que raisonneur, lui demanda comment se nommait le muphti qu’on venait d’étrangler. « Je n’en sais rien, répondit le bonhomme, et je n’ai jamais su le nom d’aucun muphti ni d’aucun vizir. J’ignore absolument l’aventure dont vous me parlez ; je présume qu’en général ceux qui se mêlent des affaires publiques périssent quelquefois misérablement, et qu’ils le méritent ; mais je ne m’informe jamais de ce qu’on fait à Constantinople ; je me contente d’y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive. » Ayant dit ces mots, il fit entrer les étrangers dans sa maison : ses deux filles et ses deux fils leur présentèrent plusieurs sortes de sorbets qu’ils faisaient eux-mêmes, du kaïmac piqué d’écorces de cédrat confit, des oranges, des citrons, des limons, des ananas, des pistaches, du café de Moka qui n’était point mêlé avec le mauvais café de Batavia et des îles. Après quoi les deux filles de ce bon