Candide chapitre 6 : en quoi l'ironie est une arme efficace pour dénncer l'intolérence religieuse
L’autodafé marque la purification de l’Église (auto da fe = acte de foi) par des cérémonies voulues exemplaires. Il est constitué par la lecture solennelle des jugements de l’inquisition aux condamnés revêtus d’une casaque (san benito) et d’une mitre en carton sur laquelle sont peints des diables et des flammes. Le sens des flammes traduit le degré de culpabilité : les flammes droites annoncent la peine de mort et les flammes renversées la remise de cette peine. Puis vient l’exécution de la sentence : les impénitents et les relaps sont brûlés vifs, les repentants bénéficient d’un régime de faveur puisqu’ils sont étranglés avant d’être jetés au feu. Ceux qui échappent à la mort sont flagellés – comme Candide -, emprisonnés, exilés ou privés de leurs biens.
L’épisode de l’autodafé repose sur des circonstances historiques : le 20 juin 1756 eut lieu à Lisbonne un autodafé consécutif au tremblement de terre et Voltaire y fait référence dans son Précis du siècle de Louis XV : « Les Portugais crurent obtenir la clémence de Dieu en faisant brûler des Juifs et d’autres hommes dans ce qu’ils appellent un autodafé, acte de foi, que les autres nations regardent comme un acte de barbarie ».
L’épisode de l’autodafé est relaté par le narrateur en focalisation zéro alors que dans le chap. VIII, c’est Cunégonde, spectatrice de la cérémonie, qui en fera le récit. Cette réduplication (répété deux fois) montre, si besoin est, combien la dénonciation de l’intolérance, celle qui se nourrit du fanatisme religieux est un thème cher à Voltaire. Le fanatisme a de multiples visages dont l’inquisition n’est qu’un avatar (une des incarnations). Le chapitre I en a présenté un autre à travers la peinture d’une noblesse rétractée sur ses privilèges et prisonnière de préjugés nobiliaires grotesques.
Ce chapitre porte une sérieuse atteinte à la théorie de l’Optimisme car y meurent un grand nombre de victimes innocentes