Candide La Guerre Commentaire
Au début de l’extrait, Voltaire souligne le côté esthétique des armées avec l’énumération d’adjectifs mélioratifs accentués par le « si » : « si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné ». Mais cette succession de « si » laisse bien entendre que tout cela est irréel. Voltaire joint au spectacle de la vue le spectacle de l’ouïe avec l’énumération des instruments de musiques. L’association de l’harmonie avec l’enfer constitue le paroxysme de l’ironie.
Après les instruments de musique viennent les instruments de mort ( les canons ).
Derrière la brillante façade il y a le chaos et l’horreur qui font trembler Candide.
L’attaque est totalement déshumanisée puisque Voltaire remplace les hommes par les armes : les canons, la mousqueterie, la baïonnette. Les soldats n’ont pas de réalité individuelle : emploi de chiffres peu précis : « quelques milliers ».
Très peu de prix est attaché à la vie humaine, d’autant que si « tout va bien dans le meilleur des mondes » ( critique de Leibnitz )les morts ne peuvent être que des « coquins ». Cela justifie la guerre et les morts.
L’utilisation de l’oxymore : « une boucherie héroïque » montre que Voltaire considérait la guerre comme un massacre sanglant et inutile et le soldat plutôt comme l’antithèse du héros.
Au milieu des massacres les deux rois font chanter des « Te Deum ». Cela signifie que les deux armées ont la même façon de faire et de procéder. Voltaire est très sarcastique envers la religion qui en faisant chanter des actions de grâce bénit et cautionne les massacres.
Puis l’auteur abandonne les termes appréciatifs et mélioratifs pour décrire le champ de bataille. Pour cela, Voltaire cesse d’employer un ton ironique car au vue de l’insoutenable réalité, l’ironie serait déplacée. Le lexique employé est celui de la violence et de l’horreur : « vieillards