Face aux atrocités de la guerre, Candide préfère s'éloigner lâchement du champ de bataille : il refuse ainsi de remettre en cause une vision absurde du monde. L'expérience ne lui a donc pas encore profité, puisqu'il préfère continuer à réciter les leçons optimistes de son maître Pangloss. Cependant, le récit de Voltaire - par l'ironie qui transparaît à travers ce regard indifférent - se montre paradoxalement plus efficace qu'une dénonciation directe ou toute théorique de la guerre. Le lecteur retient immédiatement la leçon de cette trop célèbre « boucherie héroïque ». | Élargissement Mise en perspective et ouverture vers l'entretien... | Ainsi, par son engagement efficace et original contre la guerre, Voltaire s'inscrit, après Rabelais et Montaigne, mais avant Hugo ou Céline, parmi les plus célèbres et virulents dénonciateurs de « grands saccageurs de province »... | ORAL : L'INTRODUCTION DE LA LECTURE ANALYTIQUE * Texte de référence pour la lecture analytique : Voltaire, Candide, Chap. III.
COMMENT CANDIDE SE SAUVA D'ENTRE LES BULGARES, ET CE QU'IL DEVINTRien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin il