Candide
Il est clair que les deux personnages principaux, Candide et Pangloss, ont été scrutés sous toutes leurs coutures dans d'autres chapitres. Ils sont en effet partie intégrante de la texture essentielle de l'oeuvre. Il reste donc ici à apprécier les autres personnages. Soit : Thunder-ten-tronckh, Cunégonde, la vieille, Cacambo et Martin. Thunder-ten-Tronckh constitue plus un symbole qu'un personnage. Nom propre délibérément ridicule, évoquant un tonnerre impuissant, il véhicule le mépris de Voltaire pour la noblesse et ses prétentions insensées. Le fils Thunder-ten-Tronckh prolonge l'image du père, mais d'une manière finalement plus cynique. On s'attendait à une humanité réussie, mieux en tout cas que chez le paternel casse-pied, mais le fils se montre aussi obtus que le père. Candide, qu'il retrouve pourtant avec émotion dans sa mission du Paraguai, devient insolent dès qu'il annonce son intention de marier Cunégonde - n'a-t-elle pas 72 quartiers! Candide, qui pourtant a sauvé Cunégonde de la mort, reçoit de son frère le plat de la lame au visage. Le fils est donc pire que le père : ayant profession de suivre les préceptes du bon Jésus, il témoigne au contraire d'arrogance et d'insensibilité. Le décodage en est simple : l'auteur déteste encore plus la religion que le pouvoir royal. On notera justement que c'est dans un contexte militaire que le prêtre apparaît : pouvoir et religion, pour Voltaire, ont toujours été liés en coulisse. Cunégonde représente la fille "facile" de bonne famille, dont l'habileté langagière, voire même une capacité toute panglossienne à recouvrir de termes nobles une attitude plutôt putassière, illustre clairement la naïveté de Candide : cette femme ne le vaut pas. La laideur qui l'afflige à la fin, sorte de révélateur tardif de sa véritable valeur, finit par rejoindre Candide et lui imposer la vraie nature de la
donzelle vieillissante. Notre héros ressemble en cela à Pangloss : il faut à tous deux un long