Candide
L'ENJEU DU TEXTE :
Cet extrait, efficace dans sa brièveté, a pour but de faire constater avec intensité l'inhumanité de l'esclavage. Voltaire dénonce une pratique intentatoire à la dignité de l'être humain, et en cela il rejoint un courant de son époque. En même temps, il apporte une nouvelle preuve pour étayer son argumentation contre les doctrinaires de l'optimisme.
LE CONSTAT OBJECTIF DE LA CRUAUTE.
Dans la 1ère partie du texte (jusqu' "du sucre en Europe" le narrateur a su mouvoir par un recours calcul la plus grande simplicité d'expression.
C'est le ton dépouillé de l'horreur brute dans les quelques lignes de description du "nègre", et d'abord pour évoquer sa prostration : "un nègre tendu par terre", comme condamné à végéter à même le sol. Puis son état physique est énoncé avec la neutralité d'un constat : "il manquait ce pauvre homme...droite." Pas d'adjectif qui manifeste la pitié, mais la brutalité nue du fait.
La relation maître-esclave est pleinement affirmée par les moyens les plus simples. Déjà, le rapport de soumission est fortement marqué dans le "j'attends mon maître..." Ensuite, le nom-portrait du maître : "Vanderdendur" = "vendeur-dent-dure" accentue l'effet d'une autorité brutalement revendiquée et appliquée. Enfin, une épithète, "le fameux négociant", en énonçant la situation officielle du maître, marque la légalité de sa conduite, comme celle d'un homme de bonne réputation, un notable de la servitude et non un négrier clandestin.
Dans le langage prêté l'esclave, le choix d'un style nu fait particulièrement ressortir la brutalité des faits : "Quand nous travaillons... la jambe". Les propositions sont courtes comme des coups. Les verbes concrets ont une charge de violence, "coupe" répété 2 fois. Usage du pérsent = habitude. Impersonnel "on" = relation déshumanisée, l'anonymat d'un tortionnaire sans visage. L'absence d'adjectifs souligne la simplicité, l'objectivité d'un constat. Et l'absence de