Candide
De quoi parle-t-il? De justice, d'amour, de dignité, de rédemption, de tolérance. C'est un roman qui prend à bras le corps tous les grands maux de la société pour mieux les dénoncer. C'est un roman profondément humain, profondément social, empli d'une juste révolte contre la misère et ses corollaires, l'ignorance et le crime. C'est une épopée intime, celle d'un ancien bagnard touché par la grâce et devenu la bonté même, qu'un policier au zèle monomaniaque traque impitoyablement. D'un côté, Valjean. De l'autre, Javert. Deux êtres que tout oppose. Deux personnages magnifiques, l'un de clarté, l'autre de noirceur. Oui, nous dit Hugo, la société est coupable et la justice est injuste quand elles refusent à un homme le droit de se racheter, car la véritable grandeur est dans le pardon, dans la mansuétude, non dans la persécution et l'acharnement.
Ce livre, à en croire certains, dégoulinerait de bons sentiments. Soit, mais depuis quand est-ce un défaut? Contrairement à Gide, que j'apprécie par ailleurs, je ne crois pas que les bons sentiments donnent forcément de la mauvaise littérature. Non, si les "Misérables" dégoulinent de quelque chose, c'est surtout de talent. Le talent fou d'un écrivain exceptionnel qui sut brosser à la fois le portrait d'un siècle et celui d'une âme. Et dans ce double