Capitalise
Alternatives Economiques (hors série), n° 75 (01/2008)
La transformation du système économique depuis trente ans a consacré la domination absolue du capital financier, engendrant d'importantes inégalités.
Dans le dernier quart du XXe siècle, la plupart des pays avancés ont basculé vers un nouveau système économique, le capitalisme financier, dans lequel les acteurs privés et publics sont passés sous l'emprise de la finance. Ce capitalisme repose sur un nouveau partage des richesses et sur le rôle central joué par les marchés financiers. La création de richesse financière par les entreprises en constitue le cœur.
En France, cette transformation s'est effectuée à partir du milieu des années 80, à la suite des politiques de libéralisation et de privatisation qui ont radicalement modifié la propriété du capital productif. Ce dernier est en effet passé des mains de l'Etat, qui avait nationalisé la plupart des grandes entreprises et des banques dans les années 1936, 1945 et 1981, aux mains des actionnaires privés et des investisseurs institutionnels.
L'entreprise gouvernée par la finance
Sous le régime qui a fonctionné jusqu'aux années 70, les dirigeants de l'entreprise concluaient des accords avec les salariés, organisant un partage des gains de productivité au sein de l'entreprise, un système qui avait permis de préserver la stabilité de la répartition de la valeur ajoutée. Le capitalisme financier consacre la fin de ce régime. Le modèle traditionnel d'entreprise, qui considère cette dernière comme une communauté d'intérêt entre ses trois partenaires ou stakeholders (salariés, actionnaires et managers), a cédé la place à un nouveau modèle, qui donne la primauté absolue aux intérêts des actionnaires (shareholders).
Cette domination des actionnaires a eu deux séries de conséquences : d'une part, l'objectif désormais