Caricature de gnathon, les caractères de la bruyère
Intro : Les Caractères est l’une des plus grandes œuvres du moraliste La Bruyère, précurseur des Lumières. Jean de La Bruyère, dans ce texte, met en scène ses personnages. Cette œuvre contient une réflexion sur le pouvoir et la société à travers ses portraits provocants et ouvre la voie aux grandes œuvres des Lumières. Elle offre une riche galerie de portraits satiriques. Certains lecteurs du XVIIème s. veulent y voir des allusions à des personnages réels de l’époque, et des rumeurs courent sur cela pour deviner qui a inspiré l’auteur. Ces portraits témoignent de la grande acuité d’observation de son auteur qui épingle les vices de la nature humaine en général. Ainsi, dans la chapitre « De l’homme », le moraliste dresse le portrait de Gnathon, un être profondément égoïste, se comportant ne goujat et méprisant autrui. Le personnage prend une dimension quasiment allégorique et permet à l’auteur de dénoncer, par le biais d’une caricature très satirique, l’égocentrisme.
Comment La Bruyère s’y prend-t-il pour mener la critique de ce défaut ?
Nous verrons dans un premier temps que Gnathon apparaît comme un être répugnant avant d’étudier ensuite son égocentrisme. Enfin, nous observerons comment le portrait prend une dimension générale.
I) Un être répugnant
a) Un goinfre
La description est basée sur son comportement à table : la juxtaposition de propositions soulignant sa goinfrerie, il y a une accumulation de verbes (« manie, remanie, démembre ») qui montre sa gloutonnerie. Le tout est encore renforcé par une impression d’activité compulsive : « il écure ses dents », on pense que le repas est fini, mais ceci est contredit : « et il continu… ». C’est un effet de surprise pour le lecteur qui est étouffé par la répétition des gestes gourmands de Gnathon. Autres détails triviaux (vulgaires) décrivant sa malpropreté, et qui l’assimile à un animal : « la trace » et la métaphore du « râtelier »