Finalement ce qui nous définit, ça n'a peut être rien à voir avec notre nom, notre adresse. Ça n'a pas d'importance l'endroit d'où l'on vient, la famille qui nous a élevé, ce qu'on était petit. La paperasse finalement, elle ne raconte rien. Lou, française, 10 rue des lilas, 75410 Paris, 17 ans. Ça ne raconte pas la première fois qu'elle a dit "papa", sa première chute, ses pleurs qui n'en finissent pas et son père qui la prend gentiment dans ses bras si forts mais qu'il utilise tout doucement, pour ne pas trop la serrer. Ses courses avec les papillons, les après-midi d'été dans le jardin, avec son petit bob si craquant, offert par une tante qui voit en elle la fille qu'elle n'a jamais eu. Le premier regard avec ce petit garçon adorable à la maternelle, qui ne peut détacher ses jolies prunelles océan de son sourire. Les ballades en vélo avec son grand frère, qui ne lui dira jamais, mais qui tient à elle plus qu'à tout le reste, et qui tuera le premier qui lui fera du mal. Ses éclats de rire quand sa mamie la chatouille, comme une petite fée, on croit entendre un ange. Les jeux avec ce petit cocker, qui aboie toujours joyeusement en la voyant rentrer de l'école tous les soirs, et qui vient la saluer en remuant la queue comme avec personne d'autre. La première fois qu'elle a fait du vélo sans roulettes, cette sensation de plénitude et de liberté, "je l'ai fait", ça été dur, j'ai pleuré, je suis tombée, mais je l'ai fait. Sa fierté lors de ses bonnes notes à l'école, son empressement de le raconter à son père tout de suite, et attendre de voir le sourire qui veut dire "ma chérie c'est toi la meilleure". Les goûters chez Arthur le mercredi après-midi, en attendant que ses parents rentrent du boulot. Les cours de piscine avec Elisa, la plus géniale des copines, et cette eau toute tiède, ni chaude, ni froide, juste comme il faut. Rentrer chez soi et avoir des courbatures partout mais être satisfaite de soi. Le collège, cette impression de grandir. Les picotements dans