Carter druse
Le père leva sa tête léonine, regarda un moment son fils en silence, et répondit : " Va, Carter, et, quoi qu'il arrive, fais ce que tu croiras être ton devoir. La Virgi-nie, que tu trahis aujourd'hui, doit se tirer d'affaire sans toi. Si nous vivons tous deux jusqu'à la fin de la guerre, nous discuterons la question plus longuement. Ta mère, le docteur te l'a dit, est dans un état très grave ; en mettant les choses au mieux, nous ne pouvons la garder plus de quelques semaines, mais ce temps-là est pré-cieux. Il serait préférable de ne pas la tourmenter. "
Carter Druse s'inclina respectueusement devant son père ; celui-ci lui rendit son salut avec une courtoisie majestueuse qui dissimulait le désespoir de son cœur, et le jeune homme quitta la maison de son enfance pour se faire soldat. A force de conscience et de courage, par des actes de dévouement et d'audace, il n'avait pas tardé à gagner la haute estime de ses camarades et de ses officiers. Ces qualités, jointes à une certaine connaissance du pays, lui avaient valu d'être choisi ce jour-là pour une dangereuse mission à l'extrême avant-poste. [...]Paisiblement, il souleva son front appuyé sur son bras et regarda entre les tiges des lauriers qui le dissimulaient, tandis que sa main droite se resserrait instinctivement sur la crosse de son fusil.
Son premier sentiment fut un vif plaisir artistique. Sur l'énorme piédestal de la falaise, immobile à