Casa
Après le jugement, La voiture noire me transporta ici, dans ce hideux Bicêtre. À peine arrivé, des mains de fer s'emparèrent de moi. On multiplia les précautions ; point de couteau, point de fourchette pour mes repas, la camisole de force, une espèce de sac de toile à voilure, emprisonna mes bras : il importait de me conserver sain et sauf à la place de Grève
Condamné à mort !!! Quoi ! le soleil, le printemps, les champs pleins de fleurs, les oiseaux qui s'éveillent le matin, les nuages, les arbres, la nature, la liberté, la vie, tout cela n'est plus à moi !
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant. Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains. Elle avait deux ans et un mois quand je l'ai vue pour la dernière fois. Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père ; trois orphelines de différente espèce ; trois veuves du fait de la loi.
J'ai vu, ces jours passés, une chose hideuse. J’ai assisté au spectacle des préparatifs au départ des forçats pour Toulon. Emu de ce spectacle, je me suis évanoui et transporté à l’infirmerie où j’ai entendu une jeune fille chanter une complainte en argot, une chanson hideuse qui sortait d’une bouche plus douce. Ah ! qu'une prison est quelque chose d'infâme ! Même la chanson d'une fille de quinze ans ! Vous y trouvez un oiseau, il a de