Cassirer, kant et l'aufklärung
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Alors qu’il faisait la recension de Kant und das Problem der Metaphysik de Martin Heidegger, en 1931, Ernst Cassirer soulignait combien il était essentiel de comprendre « l’atmosphère globale qui anime chaque philosophie ». Cassirer avait l’impression que le Kant de Heidegger, si profondément marqué par la présence de Kierkegaard, était entouré de « l’atmosphère intellectuelle » de l’ontologie fondamentale, au moyen de laquelle l’angoisse du Dasein [esserci] et le « tourbillon d’un questionnement originaire » pénétraient « dans l’univers de la pensée de Kant » comme des éléments totalement étrangers. En réagissant contre cette véritable « violence » herméneutique au sens propre, Cassirer rappelait en revanche vigoureusement l’image de Kant comme philosophe de l’Aufklärung : « Kant est une fois pour toutes un penseur de l’Aufklärung au sens le plus élevé et le plus beau de ce mot : il s’efforce vers la lumière et la clarté, là même où il médite sur les...
Résumé :
L’interprétation de la philosophie des Lumières que donne Cassirer dans son livre bien connu de 1932 n’appartient pas seulement à l’histoire de l’histoire de la philosophie. En effet dans ces pages composées à la veille de la prise du pouvoir par le nazisme, Cassirer s’engage aussi dans une bataille éthique et politique de défense de la raison face à la renaissance du ‘mythe politique’, en s’appuyant d’ailleurs sur une vision de la philosophie kantienne fortement liée au sapere aude. Comprendre cet aspect tout à fait crucial, non seulement éclaire la signification de la Philosophie der Aufklärung, mais permet aussi de saisir l’orientation plus générale de la philosophie de Cassirer, ce dernier héritier du néokantisme allemand dans la culture de