Le temps suspendu
Sous la patte de Paul Brès
1935. Roger Lauras réalise les premières photographies aériennes de la toute jeune cave coopérative des vignerons de Caux. Aussitôt constituée, en février ou mars de cette année-là, la société coopérative présidée par Germain Rasigade, maire du village et propriétaire du domaine de Daurion, choisit l’architecte ingénieur Paul Brès pour bâtir une cave propre à accueillir une cuverie de 21 000 hl. Le bâtiment, correspondant à la partie gauche de la construction actuelle, est livré dans les mois qui suivent ainsi que le logement du caviste, le tout pour 1 127 627 francs. La composition architecturale reprend les dispositions de la cave de Florensac construite par Brès l'année précédente : plan en « fer à cheval », important volume intérieur, couloir perpendiculaire à l’arrière, façade principale percée de grandes baies en plein cintre avec cordon formant imposte (il s’agit là d’un motif emprunté à l’architecte Edmond Leenhardt).
Dans sa séance du 24 novembre 1936, le conseil d’administration discute d’un agrandissement de la cuverie de 20 000 hl approuvé le 29 en assemblée générale. Il verra le jour en 1937, à l’arrière du bâtiment d’origine, sous la forme de cuves réparties de part et d’autre de couloirs. Le projet prévoit également la construction de locaux administratifs sur le côté gauche : bureau, salle de réunion et logement du directeur qui seront traités avec soin par l’architecte. Pendant la guerre, une cuverie supplémentaire est installée au deuxième étage. En 1948, un second bâtiment similaire est accolé pour recevoir une cuverie de 19 983 hl. Des quais de réception des vendanges unifieront les deux structures dès l’année suivante.
Pendant que l’architecte s’exprime à travers des effets de style, l’ingénieur se penche sur le cœur même de la cave : les cuves. Des cuves cylindriques en béton armé sont implantées à l'arrière de la coopérative en 1963 puis la cour d’entrée accueille un chai de forme